C’est un terme à la mode ces dernières années, pour les consommateurs comme pour les entreprises.
Mais qu’est-ce exactement que l’écoresponsabilité ?
C’est l’ensemble des actions, d’une personne, une collectivité ou une entreprise, pour limiter son impact sur la planète en prenant en compte plusieurs éléments : réduction et recyclage des déchets, maîtrise de la consommation énergétique, économie des ressources (eau, papier…), réduction des émissions de gaz à effet de serre…
L’écoresponsabilité va bien au-delà des aspects environnementaux, c’est un engagement, une volonté sociale, économique et éthique.
Dans le cadre de la création de ma marque de cosmétiques naturels, Béroé, je me suis particulièrement intéressée à l’avis des consommateurs sur l’éco-responsabilité et au comportement des entreprises. C’est pour cette raison que j’ai réalisé cette étude que je souhaite partager avec vous.
Les entreprises ont aujourd’hui des obligations en terme d’écoresponsabilité car des lois ont été mises en place.
La Responsabilité environnementale a été introduite en Europe en 2004 avec sa directive DRE (2004/35/CE). C’était la première fois qu’un régime de responsabilité était mis en place pour les dommages environnementaux, sur le principe du « pollueur-payeur ».
Les entreprises doivent répondre également de leur responsabilité sociale et environnementale (RSE). Selon la Commission Européenne, « le concept de responsabilité sociale des entreprises est défini comme l’intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec les parties prenantes ». La RSE demande aux entreprises d’aller au-delà de la loi ou de la seule recherche de profit afin de mettre en place de réelles actions autour de ces deux axes.
L’objectif de ces règles est de rééquilibrer les choses car le déséquilibre ne cesse d’augmenter entre l’intérêt privé des grandes entreprises et l’intérêt général. Les dommages causés à l’environnement sont de plus en plus visibles sur notre planète (grands accidents comme Tchernobyl, Fukushima, tempêtes fréquentes au-delà des régions habituelles, incendies, inondations…). Aujourd’hui, avec ces initiatives, les Etats comme la France souhaitent montrer de plus en plus qu’il est possible de concilier performance économique, justice sociale et respect de l’environnement.
Parallèlement, un nouveau type de consommateur est né. Les éco-consommateurs, adoptent une consommation réfléchie. Ils cherchent à acheter le produit bon pour leur santé et pour l’environnement tout en favorisant l’économie de partage et de proximité. De plus en plus informés sur les produits nocifs et sur les pratiques des industriels, les éco-consommateurs sont moins facilement trompés par les entreprises faussement « vertes ». Ils veulent avoir un impact positif par le biais de leurs achats. Leur consommation est raisonnée autour de plusieurs principes : les principes moraux et sociaux, elle ne dépend plus uniquement des intérêts personnels mais devient un intérêt collectif.
Néanmoins, on retrouve encore en France 23% de consommateurs qui ne sont absolument pas concernés par l’éco-responsabilité. Ces consommateurs ne changent absolument rien à leurs habitudes et ne se sentent pas concernés par la protection de l’environnement ou la solidarité écocitoyenne. Ils ne consomment et ne gaspillent pas moins qu’avant et ne s’inquiètent absolument pas des ressources limitées de notre planète.
La grande majorité sont des éco-consommateurs débutants qui, sans être engagés à 100% dans leurs achats et actions sont impactés par les enjeux environnementaux et sociaux, et souhaitent changer leur manière de consommer pour se tourner vers une consommation plus responsable.
Des consommateurs informés et auteurs
Les consommateurs étaient autrefois dépendants des entreprises et de leur choix, mais aujourd’hui ils ont gagné en pouvoir de décision. En effet, depuis l’accès à Internet, les consommateurs sont beaucoup plus informés qu’auparavant et cela leur permet de choisir et contrôler leurs achats. Il est désormais possible de s’informer au-delà des arguments commerciaux des entreprises, grâce aux avis des consommateurs présents en masse sur internet. S’il est possible de consulter des avis, il est également possible d’en déposer. Le consommateur devient de plus en plus acteur et expert dans sa consommation, et aujourd’hui les avis clients sur internet ont plus d’importance que les publicités des entreprises.
Les consommateurs ne sont plus dupes et ils n’ont plus confiance. Scandales autour des publicités mensongères, enquêtes réalisées dans les entreprises, abominations environnementales sont pointées du doigt.
Quelles garanties ?
Pour avoir confiance en un produit ou une marque, les consommateurs se basent aujourd’hui sur des garanties concrètes : la composition du produit est principalement prise en compte puisque 59,1% des français choisissent leurs produits selon ce critère.
Viennent ensuite les labels et les certifications (55,1%), puis l’achat en circuit court en passant directement par les producteurs (53,9%). Les trois derniers points motivant l’acte d’achat sont, comme vu ci-dessus, l’avis des proches et des autres consommateurs (34,3%), l’apparition de la marque dans des magazines spécialisés (32,1%) et le soutien de la marque par des associations (30,8%).
Malgré la méfiance des français vis-à-vis de la réelle éco-responsabilité des marques, ils ne veulent pas entreprendre seuls l’effort du développement durable. Ils attendent donc que chaque acteur joue un rôle, et en particulier les industriels, les marques et les distributeurs, en plus de l’État, des collectivités et des associations.
Lors de mon enquête, sur un échantillon de 101 personnes, encore 6,6% n’ont jamais entendu parler d’éco-responsabilité. Un petit chiffre qui semble tout de même encore beaucoup trop important de nos jours !
Les consommateurs évoluent et avec eux les habitudes de consommation.
Cet impératif pousse les entreprises à surfer sur cette nouvelle vague qu’est l’éco-responsabilité. Mais l’économie est-elle plus verte ?
Les entreprises et l’éco-responsabilité : 4 profils types
Les “sans-filtres” sont les entreprises qui ne sont pas éco-responsables et ne cherchent pas à le paraître. Ce sont des entreprises qui ne portent aucun intérêt à l’éco-responsabilité, à l’environnement, aux enjeux sociaux…Elles ne font pas semblant de se pencher sur le sujet. On pourra donc leur reprocher leur inconscience mais certainement pas de surfer sur la vague de l’éco-responsabilité pour gagner des parts de marchés. Il faut noter qu’elles sont de moins en moins nombreuses.
Les GreenWasheuses, pratiquent l’éco blanchiment ou verdissage ou greenwashing, dans le but de se donner une image de responsabilité écologique ». Selon l’ADEME, « le greenwashing est le phénomène qui profite des aspirations écologiques des consommateurs pour en faire, avec un certain cynisme, un pur levier de marketing, bien loin d’une politique sincère de développement durable.» Ces entreprises dépensent plus d’argent dans de la publicité en partie mensongère que dans de réelles actions en faveur de l’éco-responsabilité. Les GreenWasheuses profitent du mouvement éco-responsable pour gagner des parts de marchés. Elles sont bien plus nombreuses que les entreprises sans filtres et encore beaucoup de consommateurs se font duper…
Les évolutives n’étaient pas éco-responsables jusqu’à présent mais le deviennent petit à petit. Il s’agit ici soit d’une réelle prise de conscience soit d’entreprises qui suivent le mouvement pour ne pas perdre de parts de marché. C’est le cas de beaucoup qui ont lancé leur business bien avant ce mouvement autour de l’éco-responsabilité, dans des années où nous étions moins informés de l’impact de l’homme sur la planète. Que ce soit par prise de conscience ou par obligation, ces sociétés font de réelles actions en faveur de l’ éco-responsabilité.
Pour finir, les transparentes sont les entreprises éco-responsables dont tout le business est construit autour de l’éco-responsabilité car cela fait partie des valeurs des fondateurs. Celles-ci vont bien au-delà de la tendance actuelle et d’une prise de conscience : c’est un engagement profond autour de valeurs ancrées. Elles sont complètement transparentes avec les consommateurs pour que ceux-ci puissent avoir une confiance « aveugle » et que leurs actions soient vérifiables.
Vers une économie verte ?
L’éco-responsabilité est au cœur de toute l’attention que ce soit pour les consommateurs ou pour les entreprises.
Il est tout de même important de maintenir un équilibre entre économie et environnement : les entreprises ne sont pas les bêtes noires ! Elles ont bien évidemment un rôle primordial dans la sécurité sociale et environnementale mais elles jouent également un rôle de sécurité économique des états : nous avons besoin des entreprises pour faire progresser l’économie mondiale.
Toutes les entreprises n’ont pas la possibilité d’être éco-responsables. En effet, certains secteurs d’activité sont essentiels à l’Homme aujourd’hui et ne peuvent pas être totalement éco-responsables. Les entreprises ne sont pas non plus les seules fautives de ces dérèglements : les consommateurs le sont également, de par leur mode de vie et de consommation actuel.
La crise sanitaire actuelle, probablement liée à des déséquilibres opérés par l’homme sur la nature, nous montre qu’il est temps d’agir, chacun à son échelle ! C’est une crise sanitaire, mais également une crise économique qui pourra avoir un impact social grave. Elle nous a permis à tous de prendre conscience qu’il est temps que nous fassions évoluer nos modes de vie, nos modèles économiques et nos modes de consommation.
Nos habitudes de consommation ne sont pas adaptées à la sauvegarde de l’emploi et de l’environnement et nous ne favorisons actuellement pas assez l’économie locale.
Dans une démocratie, le consommateur peut faire changer le comportement des entreprises. Les entreprises jouent un rôle primordial dans les enjeux éco-responsables mais les consommateurs également.
Nous devons mutuellement nous éduquer en tant que consommateurs. Et en tant qu’entreprises, nous devons faire évoluer nos modèles, voire jouer un rôle pédagogique auprès des consommateurs pour faire évoluer les modes de consommation.